Depuis le mois de janvier 2024, 13 élèves de Terminale participent au projet européen « Convoi 77 », initiative mémorielle et éducative, avec pour objectif de retrouver les traces des destins de chacun des 1306 hommes, femmes et enfants du dernier convoi parti de Drancy le 31 juillet 1944 pour Auschwitz. Ce projet, qui a reçu le soutien du Mémorial de la Shoah, participe à la transmission de la mémoire de la Shoah.
Grâce au travail de Serge Klarsfeld, du Mémorial de la Shoah et de l’association des Familles et amis des déportés du convoi 77, de nombreuses informations ont été retrouvées pour 400 déportés. Mais pour les autres, seules quelques données existent. Il s’agit alors, pour les élèves, de mener un travail d’enquête afin de retracer la vie de ceux dont le destin pourrait tomber dans l’oubli.
Cette démarche permet aux élèves, ainsi qu’à leur professeure, Madame Berthod, de travailler à partir d’archives et de leurs propres recherches sur l’histoire de 3 déportés allemands, réfugiés en France et ayant fait partie de ce convoi, parce qu’ils étaient juifs. Elle donne également la possibilité aux élèves de mesurer l’ampleur du génocide.
À la fin, les élèves ont été félicités par l’association du projet « Convoi 77 » pour le formidable travail qu’ils ont réalisé.
Quelques témoignages des élèves sur ce projet :
Le projet « Convoi 77 » m’a permis de mieux comprendre le travail d’historien, ses enjeux et ses difficultés. Trouver des informations sur une personne pour reconstituer sa biographie n’est pas toujours facile, et peut être frustrant quand on a l’impression de ne pas avancer dans les recherches, mais c’est un travail passionnant, qui m’a fait réaliser l’importance du travail de mémoire. Rassembler des archives, compiler les informations qu’elles nous donnent pour faire sens du destin d’une personne permet de ne pas oublier et de redonner une identité et une vie aux personnes que les nazis ont tenté de déshumaniser. Participer à ce projet m’a permis de voir les victimes de la Shoah sous un autre jour, pas seulement comme des victimes, mais aussi comme des personnes complexes aux vies et aux origines diverses.
Mona Ricoux
Le projet « Convoi 77 » m’offre une plongée dans l’histoire, me connectant à des récits humains avec lesquels je ressens une proximité émotionnelle et une responsabilité de transmettre leur mémoire. Chaque fois que nous recevons de nouvelles informations, je ressens de l’enthousiasme et de l’impatience à l’idée de poursuivre et d’achever nos recherches, ainsi que de découvrir d’autres aspects de la vie des déportés.
Victoria Le Van
J’ai décidé de participer à ce projet premièrement, car l’histoire du monde m’intéresse beaucoup. Mon groupe et moi avons eu la chance de faire des recherches sur une personne qui a malheureusement été déportée dans le Convoi 77. Nous avons contacté plusieurs personnes et associations pour récupérer des informations, ce qui fut très difficile mais intéressant en même temps.
Ce projet m’a beaucoup plu mais nous a aussi rappelé encore une fois l’horreur de la Deuxième Guerre mondiale.
Umut Altun
Pour ma part, ce projet me permet de me représenter concrètement la vie d’un déporté d’Auschwitz ainsi que les différentes « étapes » par lesquelles il a dû passer. De plus, nous en apprenons souvent beaucoup sur la difficulté de la vie dans le camp, mais le projet permet d’imaginer une vie comme un parcours dans sa globalité, sans la résumer au pire advenu. Grâce à un groupe efficace, je trouve cela aussi très intéressant de travailler afin d’obtenir des documents, les déchiffrer, et comprendre leur signification réelle. Il y a aussi une certaine satisfaction lorsque des pièces du puzzle s’assemblent, et que nous savons plus ou moins exactement ce qu’il s’est passé.
Margaux Brun
Cette année j’ai décidé de m’engager dans le projet « Convoi 77 » à la suite de mon voyage de classe en Pologne dans le cadre du programme d’histoire. Nous avons été aux camps d’Auschwitz et de Birkenau. Nous évoquions constamment les chiffres, les déportés juifs en tant que groupe mais il n’y avait pas cette dimension intime et personnelle. En effet, le Convoi 77 permet de redonner une identité à certains déportés du dernier convoi parti de Drancy vers Auschwitz en 1944. Nous faisons en groupe un travail de recherche minutieux afin de pouvoir réécrire la vie d’un déporté. Avec trois autres lycéens nous essayons d’entrer en contact avec des survivants ou des mémoriaux dans le monde entier afin de retracer la vie d’un déporté. Il était pour moi indispensable de participer à ce projet afin de perpétuer le travail de mémoire pour les générations à venir. Chacun exprime ses émotions à sa manière. Certaines personnes pleurent, d’autres au contraire ne sont pas touchées immédiatement ou ont l’impression de ne rien ressentir. Dans mon cas, il m’a fallu un peu de temps pour réaliser mais également participer à un projet qui a un impact et que je trouve utile. Il m’a paru indispensable de donner de mon temps pour redonner un visage et une importance à des personnes qui ont vécu l’inimaginable. Après avoir vu de mes propres yeux les conditions dans lesquelles ils vivaient et ce qu’il leur a été infligé, j’ai vivement souhaité participer au projet. De plus, en tant qu’élève dans un lycée français en Allemagne, je trouve ce projet particulièrement important dans le cadre de l’amitié franco-allemande.
Maud Roche
Je travaille actuellement sur le projet « Convoi 77 », visant à reconstituer une biographie de ces déportés du dernier convoi français parti de Drancy pour Auschwitz-Birkenau. En s’appuyant sur des centres archives, de grandes instances de mémoire comme Yad Vashem ou le Mémorial de la Shoah et des travaux de particuliers, nous contribuons à la perpétuation d’une mémoire oubliée: celle de ces 1306 innocents déportés.
Ce travail de mémoire est pour moi nécessaire, il s’agit de comprendre le passé afin de mieux appréhender le futur. Dans cette ère de négationnisme historique et de banalisation, nous marquons la rupture. La volonté de ne pas oublier, la volonté de témoigner, la volonté de comprendre: tels sont les trois axes de pensée au sein de ce projet. Ces vérités dérangent, ne sont pas agréables à découvrir ou à approfondir, mais ce sont de vraies vérités. Non pas un sujet lointain de quelques juifs déportés ici et là, non. Ce projet nous offre un accès à la vie de personnes ayant véritablement connu la Shoah, extermination qui ne paraît, depuis, pas si lointaine que cela, avec la pleine collaboration de la France.
Le projet « Convoi 77 » incarne une balise matérielle mémorielle. Lorsque tous les survivants auront disparu, emportés par l’âge, nous ne pourrons choisir la facilité et oublier. Car ce projet et tous ceux y participant, n’auront de cesse de témoigner, de libérer la parole et de lever ce voile de pudeur faussée qui entrave pleinement la mémoire de ce génocide industriel qu’est la Shoah.
Ambroise Collette
J’ai décidé de participer au projet « Convoi 77 » car je trouve le sujet de la persécution des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale intéressant et d’autant plus depuis que nous sommes allés à Auschwitz, ce qui m’a permis de comprendre un certain nombre de choses que je n’avais pas réalisées. Je porte une grande importance aux travaux de mémoire qui sont essentiels, comme marque de respect pour les victimes de ces événements et pour ne pas oublier ce qui s’est passé. L’idée de se mettre dans la peau d’un « détective » m’a beaucoup plu afin d’améliorer mes qualités de recherches et d’organisation des informations.
Clément Henry-Roquain
Le projet du « Convoi 77 » m’a permis d’avoir un meilleur aperçu sur l’histoire tragique des déportés pendant la Seconde Guerre mondiale. Notamment sur leurs destins individuels. Ce projet m’a fait comprendre qu’il est important de redonner à chacune de ces personnes leurs identités perdues lors de la Seconde Guerre mondiale et de préserver la mémoire collective.
Aya Widadi
J’ai voulu participer au « Convoi 77 » tout d’abord pour me préparer au voyage à Auschwitz, pour pouvoir retrouver certaines informations dans le camp. Cependant, continuer à travailler sur ce projet après avoir visité les camps de concentration et avoir compris un certain nombre de choses est, selon moi, encore plus intéressant puisque je me rends compte de l’importance de ce projet, que chaque nom est important et qu’il mérite une recherche sur son histoire. J’ai été content de pouvoir contacter des personnes, qu’elles soient impliquées directement ou indirectement à ce projet et qui nous ont beaucoup aidés.
En conclusion, j’ai sincèrement apprécié participer à ce projet, qui me semble important moralement et intéressant.
Paul Carbonne
Participer au « Convoi 77 » a été pour moi un moyen de ne pas oublier les victimes du passé. Ce travail de mémoire m’a non seulement permis d’en apprendre plus sur l’histoire et le tragique évènement qu’est la Shoah mais aussi d’améliorer ma capacité à analyser des documents. Ce projet en liaison avec le voyage Sur les traces de la vie juive en Pologne, effectué avec ma classe, est un véritable travail sur soi-même qui demande à être préparé.
Max Nicol